Des millions de retraités pourraient perdre un avantage fiscal secret et l’annonce inquiète déjà les seniors célibataires

Des millions de retraités pourraient perdre un avantage fiscal secret et l’annonce inquiète déjà les seniors célibataires

Le débat autour de la fiscalité des retraités revient sur le devant de la scène, attisant de vives discussions au sein de la sphère politique et chez les principaux concernés.

Une proposition de réforme, plus stricte que les précédentes, suscite l’attention et soulève de nombreuses interrogations sur l’équité du système actuel.

Entre enjeux budgétaires, justice sociale et considérations électorales, la question de l’abattement fiscal sur les pensions de retraite s’impose comme un sujet brûlant, dont les conséquences pourraient impacter durablement le quotidien de millions de Français.

Remise en question de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite

Instauré en 1978, l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite permet aux seniors de réduire leur revenu imposable, avec un minimum de 450 € et un plafond de 4 399 € par foyer en 2024. Ce dispositif, dont le coût pour l’État a doublé en 15 ans pour atteindre 5 milliards d’euros, est aujourd’hui critiqué pour profiter davantage aux retraités les plus aisés.

« L’abattement actuel profite clairement à ceux qui ont eu de bons salaires. Une déduction fixe serait plus juste pour tout le monde. »
Jean-Pierre, 68 ans, cadre retraité

Charles de Courson, rapporteur général du budget, propose de remplacer cet abattement proportionnel par une déduction forfaitaire, jugée plus équitable. Contrairement à la proposition gouvernementale de 2023, il suggère également d’ajuster le montant selon la situation familiale, afin de limiter l’avantage pour les célibataires.

Un dispositif coûteux et inégalitaire

Depuis sa création, le coût de l’abattement de 10 % n’a cessé de croître, passant de 2,5 à 5 milliards d’euros en quinze ans, selon les chiffres du rapport parlementaire. Cette inflation s’explique par la nature proportionnelle de l’avantage, qui bénéficie surtout aux retraités percevant les pensions les plus élevées.

À Découvrir Aussi

Articles partenaires

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En effet, plus la pension est importante, plus l’abattement fiscal l’est aussi, accentuant ainsi les inégalités entre ménages. Ce mécanisme soulève un enjeu d’équité fiscale, car il favorise les seniors les plus aisés au détriment des retraités modestes, alors même que le niveau de vie moyen des retraités dépasse désormais celui des actifs. D’où la volonté de réformer ce dispositif jugé obsolète.

Les modalités de la réforme proposée

Charles de Courson préconise de remplacer l’abattement actuel par une déduction forfaitaire de 2 000 euros, modulée selon la situation familiale, 2 000 euros pour un célibataire et 4 000 euros pour un couple. Cette mesure vise à corriger l’anomalie du dispositif actuel, qui accorde le même plafond d’abattement, quel que soit le statut marital.

Selon le député, cette réforme permettrait de réaliser environ 2 milliards d’euros d’économies annuelles. Il justifie ce changement par le niveau de vie désormais supérieur des retraités par rapport aux actifs, ainsi que par les autres avantages fiscaux dont bénéficient déjà les seniors, comme certaines exonérations de CSG.

Ce que changerait la nouvelle formule

Situation familiale Dispositif actuel (abattement proportionnel) Réforme proposée (déduction forfaitaire)
Célibataire 10 % de la pension, min. 450 € – max. 4 399 € 2 000 € de déduction fixe
Couple Même plafond que pour un célibataire 4 000 € de déduction totale
Effet attendu Avantage accru aux pensions élevées Économie estimée à 2 milliards €/an

Enjeux politiques et perspectives d’adoption

La réforme suscite de vives tensions sur la scène politique, en raison du poids électoral considérable des retraités, qui représentent plus d’un tiers des votants. Toute remise en cause de l’abattement fiscal risque d’entraîner une forte impopularité, notamment à l’approche des échéances électorales.

Le projet devrait être débattu lors de l’examen du budget 2026, mais son adoption demeure incertaine face aux réticences de nombreux parlementaires, soucieux de ménager leur électorat senior. Les discussions s’annoncent donc houleuses, d’autant que la mesure pourrait être amendée ou repoussée sous la pression des lobbies et des associations de retraités, rendant son avenir législatif encore très incertain.

antoine laurent horizon retraite

Expert en planification financière, Antoine guide les lecteurs d'Horizon Retraite à travers les méandres du système de retraite français.